Chris
YOUNES




Intervenante ALT
Fondatrice et membre du laboratoire Gerphau (EA 7486) et du Réseau scientifique thématique PhilAU (Philosophie, architecture, urbain) du Ministère de la Culture, ainsi que de sa revue Le Philotope.
Entretien du 10.02.2021
    



           















Ethique du care


“On est en train de faire le bilan d’une certaine pratique, qui manque d'attention, de sollicitude, de soin, de respect de notre milieu de vie. Mais aussi de la nécessité de plus de modestie, dans un rapport d’économie envers notre environnement, ce qui exige une transformation des pratiques. Et aussi de repartir des situations, et d’impliquer au maximum les gens concernés. Pour moi, cette question d’associer toutes les parties prenantes, toutes les agentivités, c’est fondamental. Ça veut dire qu’il faut quitter cette position de surplomb - surplomb de l’homme sur la nature vivante, surplomb de l’expertise sur la base - surplomb qui consiste finalement à décider pour les autres sans les associer.”






Redonner sa place à l’imaginaire


“Je me suis rendue compte que la question du langage, des mots, et la capacité de faire récit, de faire fiction en architecture, est fondamentale. Cultiver des imaginaires de transformation, c’est essentiel - sinon on ne peut que reproduire. Comment va-t-on inventer des dispositifs de transformation qui seraient plus harmonieux, moins toxiques, si ce n’est par cette double culture de l’imaginaire et de la responsabilité ? Cet imaginaire passe par la capacité à raconter des histoires, ça fait partie de l’humain. Un projet, c’est quelque part raconter une histoire du lieu, de transformation du lieu, des raisons de le transformer et de l'impact de ces transformations.”

















 









Partager le désir de quelque chose


“Au fur et à mesure, plus j’enseignais et plus j’ai essayé de susciter chez les étudiants le désir de découvrir, de s'engager, d'apprendre à apprendre. Pour moi, c’est ça l’enseignement : c’est partager quelques savoirs, et c’est surtout provoquer la curiosité d'apprendre et de s'ouvrir, sans crainte d'essayer, chez des étudiants qui ont déjà une grande capacité d’auto-formation.”











Allier les humanités aux sciences “dures” pour mieux aborder la complexité


“La complexité des problèmes qu’on a à résoudre et la prise de conscience de l’accélération de toutes ces transformations, font que de plus en plus de décideurs, de responsables, d’écoles, d’entreprises se rendent compte de la nécessité d'allier à nouveau aux sciences de la nature des humanités. C’est un tout, on ne peut pas les séparer, ça n’a pas de sens.






Le partage : au centre de la philosophie, du projet d’architecture et de la pédagogie


“La philosophie, ce n’est pas que raisonner, c’est aussi partager et débattre. Sinon ça n’a aucun intérêt. Et je trouve un grand point commun avec le projet architectural : un projet, ça se partage, ça se discute, ça se délibère. On va en faire le tour. Est-ce que ça vaut le coup ? Est-ce que ce n'est pas dangereux ? Qu'est-ce que ça va apporter en plus ? Est-ce que ça ne va pas faire mal au lieu ? De temps en temps, ce serait bien de se poser ce genre de questions. Je crois qu’il y a beaucoup de projets toxiques. C’est pour cela qu’il est vraiment important de cultiver des émergences, des imaginaires, mais aussi la responsabilité, la conscience de l’impact de ce qu’on peut proposer. La nouvelle culture du soin doit accompagner les émergences.









“ Dans l'ouvrage Architectures de l’existence. Ethique. Esthétique. Politique, j'ai essayé de partir de situations multiples, dans la singularité et l'ouverture. Finalement, il n'y est question que de la rencontre, avec l'autre, avec soi. ”










“ Dans Art et existence, Maldiney déclare : « Pour nous, habiter, c’est exister. » Le présent ouvrage tend à déplier, prolonger, articuler et épaissir ce postulat en entrelaçant architecture, ville, paysage, littérature et philosophie. Il reprend les lignes synergiques d’un travail de recherche de longue haleine mené dans une perspective écosophique. Une telle attitude explore un art d’exister dans la multiplicité, la singularité et l’ouverture, en manifestant le caractère critique par une réinterprétation des nouages des trajectoires du temps, de l’humanité et de son devenir. Insister sur ce qui est entre les choses et les êtres comme sur ce qui advient, régénérer, recycler, revivifier, économiser, diversifier, ménager, recréer, méditer…, autant d’écorythmes d’un autre type entre humain et non-humain, pour s’envisager au monde. ”









                   
Une production des étudiants de Master 2 - ALT 20.21