Julien
MARIE

julien.marie@lyon.archi.fr




Yohann
HUBERT

yohann.hubert@lyon.archi.fr


Ancien étudiant ALT
PFE 2017

Interview du 17.12.20


Ancien étudiant ALT
PFE 2018













J : “Le master 2, c’est la seule année où je n'ai pas fait de charrette. J’étais vraiment très mal organisé, je ne voulais plus en faire et la manière dont était organisé ALT m’allait bien. Quand j’ai commencé mon projet je n’avais pas de programme, je n’avais rien, j'accumulais des trucs et ce que je présentais c’était cette accumulation. Pour mon rendu de PFE, c’était l'accumulation d'un an et chaque “semestre”, chaque gros rendu,(environ deux par semestre), c’était assez le « bazar » et je présentais cette accumulation d'objets et choses que j’écrivais. C’était simplement ça. Des fois j'allais sur site mais c'est tout.


J’avais fait des structures sur la place Bellecour pour interroger cet espace mais le sujet était plus large : pourquoi je fais de l’architecture, vers quoi je tends et à quoi ça sert. Ce PFE c’était le moyen de faire ça dans ma tête - une introspection.(…) Il n’y avait pas vraiment de ligne directrice, j’avais pris ces deux structures de la place Bellecour et c’était le sujet de base et dès que je voulais faire quelque chose, par exemple des affiches, je me référençais à ce truc. C’était plus un prétexte : je voulais faire un portfolio, je prenais cette structure et je faisais ce portfolio (…). A la fin j’ai présenté tout ça sous la forme d’une sorte de performance artistique.”









- Projets de Fin d’Etudes





Y : “Après la 3eme année avec le projet de Benoît Crepet, on sait faire un rendu d’architecture et je n’avais pas envie de passer un an devant des logiciels à faire le PFE, je savais que c’est ce qui m’attendait à la sortie de l’école donc j’ai décidé de faire tout mon PFE à la main et de manière plutôt artistique qu’architectural. J’avais des sujets de recherche à côté sur l’abondance, la rareté entre deux intellectuels - Georges Bataille et Ivan Illich - donc une critique de l'économie et de l’écologie, assez radicale et politique, j'essayais de réinvestir tout ça dans mon pfe à travers « le carnaval de la fin du monde » qui aurait lieu à Lyon chaque année, le jour de l’overshoot-day, le jour où on a consommé toutes les ressources de la terre. Comme c’est un jour qui bouge, on sait une semaine à l’avance qu’il y a ce grand carnaval durant lequel toute la ville va « péter un câble » et se mettre à brûler toutes les richesses place Bellecour : on met tout l’or, les vêtements de valeur et voilà.






C'était l'idée que l’architecture n’est pas dans l’économie,ni dans l’idée de consommer le moins possible mais qu’elle est dans la dilapidation et la dépense improductive, que l’esthétique d’un bâtiment, son sens n’est pas dans l’ingénierie, on apporte autre chose.
Lacaton-Vassal va réduire le design au minimum, tout est calculé pour être le moins cher, pour donner le maximum d’espace possible, mais tout ceci c’est au service de la dépense d’espace : on réduit d’un côté pour au contraire avoir une générosité de l'autre. Il y avait donc tout un fond philosophique qui accompagnait tout ça. J’avais fait des A0 à la main, des maquettes, des dessins plutôt artistiques.






ALT c’est aussi...





Une préparation au futur ? 

J : “Il y a un truc rigolo, en gros, le leitmotiv de ALT c’est la préparation du futur et, finalement, on est psychologiquement les moins préparés à ce qui se passe après dans la plupart des cas. (…) Le leitmotiv de ALT c’est « viens ici et prépares ton futur », et au final c’est loin le futur.”


Un collectif ?

Y : “(…) ALT c’est plus altérité, alternatif, que je ne suis pas sûr de ressentir dans Alt. Alternatif, c’est quoi ? Aujourd’hui le patrimoine, c’est alternatif parce que t’as des manières de faire et des potentiels qui sont très actuels par rapport aux crises actuelles. (…) Mais est-on vraiment alternatifs ?
Dans l'altérité, il y a l’idée de projet collectif au centre mais en même temps ça peut vite devenir individualiste si tu n’as pas envie d’être dans le groupe. Mais on ne peut pas forcer les gens à être dans le collectif. Ce que j’avais dit à Gilles, c’était que la partie collective soit centrale, par exemple durant tout le premier semestre, le collectif précède l’individu et de ce collectif émergent des individus. La partie collective n’est pas assez forte y compris sur les workshop tout ça, nous ne sommes pas parvenus à faire de vrais workshop. ALT c’est altérité mais c’est aussi un peu de l’individualisme.
(…)
Pour moi, l'autogestion doit être une autogestion collective. Pas une autogestion des individus. Au début, il faudrait collectivement déterminer des règles pour le reste de l’année. Par exemple, on simule une agence et on ferait une bête de projet. Mais tout ça demande du temps et de l’organisation pour former un groupe.”





ALT, et après ?




Y : “En sortant du diplôme avec Julien on a fait un concours tous les deux. C’était un concours très architectural (plans coupes etc). Dans mon Portfolio, il y avait côte à côte mon PFE qui était présenté comme un projet artistique et expérimental et ce concours qui présentait un projet d’architecture. Et ce concours, tel qu’on l’a produit, a les qualités d’un PFE. En allant dans les agences, le PFE interrogeait et intéressait aussi. Par exemple, j'avais fait un entretien chez Guillaume Ramillien qui, lui, est vraiment dans le dessin à la main et il a complètement accroché au PFE. Chez Ciguë c’est le concours qui a retenu l’attention. Si il y a un projet très expérimental en PFE il ne faut pas espérer trouver un job grâce à ça, mais rien n'empêche de faire un vrai petit projet à côté. Un portfolio c'est une stratégie.”

J : “Moi je crois qu’à part à moi il n’a servi à rien mon PFE. Au final je me retrouve dans une agence d’architecture. En même temps c’est un truc qui me plait et c'est pas étonnant que je me retrouve là peut-être, mais c’est bosser dans une agence qui fait des projets de manière standard… Parce qu’on pourrait très bien bosser dans un CAUE ou autre.”

Y : “Après on a quand même des sujets intéressants, on ne « fait pas de promoteur ». Le dernier projet c’est un centre pour des addicts à l'héroïne donc on a dessiné des salles de shoot, et finalement il y a un petit côté où on ne fait pas des projets complètement standard non plus.”

J : “(Je pense que si j’avais été dans un autre domaine d’études), ça aurait rien changé, ça aurait été peut-être même plus simple de trouver un job ici.”

Y : “Pour moi, ici, ce n’est pas une finalité. On n’a pas encore la HMO, et sur ce plan, il n’y a pas forcément de différence entre les DEM. Il y a souvent, en ALT, un groupe participatif et eux, ils vont aller dans des agences comme « Et Pourquoi Pas » et tout ça. Mais en fait,même ces groupes-là, si tu regardes Encore Heureux, maintenant c’est une agence classique. Patrick Bouchain, le fonctionnement est classique aussi, dans la manière de faire l’architecture.” (…)

J : “Peut-être ALT te permet de faire une pause entre le Master 1 et quand tu bosses, et cette introspection te permet de te rendre compte que t’as peut-être envie de faire du projet différemment de la manière que l’on t’a appris à l’école et de celle que l’on fait en agence.

Y : “Ça apporte quelque chose aussi, on a l’esprit vachement ouvert du coup, on sait qu’il y a plein de manières de faire, une dimension artistique plus développée, finalement plus polyvalents et ouverts, même si tu peux être ouvert dans un autre DEM. Je pense qu’ALT ça t’ouvre des horizons et te montre qu’y a plusieurs manières de penser et on sera aussi très critiques sur les manières de faire. On n’est pas dans un dogme établi. On peut passer de l’un à l’autre même si ça dépend aussi des gens.”




Une production des étudiants de Master 2 - ALT 20.21