Julien ROUX

julien.roux@lyon.archi.fr






 

Ancien étudiant ALT-FPCInterview du 18.02.21
                          











De la menuiserie à l’architecture


“J'ai commencé mes études d’architecture après le baccalauréat.  Je voulais mettre de l’argent de côté pour payer mes études et j'hésitais à devenir menuisier ou architecte. Finalement, j'ai arrêté après un an et j’ai commencé à travailler en menuiserie. J’ai appris la menuiserie-ébénisterie sur le tas puis j’ai préparé un CAP en candidat libre en charpente.

J’ai évolué en tant que charpentier jusqu’à l’âge de 25 ans. J’étais chef d’équipe, je travaillais en Suisse. Il y a eu la crise de 2008 et c’est à ce moment-là que j’ai repris mes études. Je ne me voyais pas vieillir sur les chantiers alors j’ai profité de la crise pour rebondir.

J’ai fait un BTS en alternance en charpente. Pendant le BTS, j’ai continué à travailler dans une boîte de charpentier, j’étais tout le temps sur les chantiers parce que j’étais bon sur le chantier. Ils ne m'ont pas mis en bureau d’étude parce que c’est ce que je voulais faire.
 
J’ai fait ensuite une licence professionnelle en charpente et conduites de travaux. Pour cette licence c’est une boîte d’architecture à Valence qui m’a pris : Aries Architecture. Une fois avoir fini ma licence pro de conduite de travaux, on m’a dit qu'il ne fallait pas que je m’oriente en architecture mais que j’aille chercher une boîte pour pouvoir faire des suivis de chantiers. Là, je suis parti sur les Monts du Lyonnais et j’ai géré tous les chantiers de trois architectes pendant cinq ans, un peu plus de cinq ans, six ans. J’ai lutté pour passer le concours d’entrée en FPC. Je ne sais pas combien de fois je l’ai raté”










Référence à Christian Kerez


“Ce qui me plaît dans ce projet c’est sa simplicité, ses lignes épurées, sa force, sa profondeur, sa matérialité. Une lecture claire des différents éléments et leur fonctions. C’est cette justesse et cette rigueur que je recherche dans l’architecture.”






“Puisque j’ai fait beaucoup de chantiers, je pense souvent à la construction. Je suis un peu à l’esprit d’Auguste Perret dans la manière de penser, de construire l’architecture.”





L’angoisse du Master 2


En fait, ils nous déconstruisent, pour nous reconstruire. Il y a des moments où on est tellement déconstruit qu’on est très déstabilisé. En même temps on a un pied à l'école et un pied au boulot. Et heureusement qu’on a encore un pied au boulot pour pas partir trop loin.

J’ai perdu confiance en moi en M2. Il y avait des choses qui faisaient que j’aurais eu besoin de plus de temps, j’aurais eu besoin d’une année supplémentaire. Donc, grosse perte de confiance... J’étais parti sur les refuges de haute montagne pour mon mémoire. Mais j’ai raté mon mémoire, j’ai raté ma présentation, je l’ai eu “ras les pâquerettes”.

En fait, tout au long de mes quatre ans de formation je ne suis jamais resté dans ma zone de confort. Un coup, j’allais m’amuser sur des tours de bureaux, le coup d’après, j’allais bosser sur des maisons individuelles, le coup d’après, j’étais que sur des thèmes que je ne connaissais pas. A chaque fois, j’ai pris des risques par rapport à d’autres qui sont toujours restés un peu sur le même thème tout le long.”






L’école et la réalité du métier...


“J’ai créé ma société il y a treize mois. Là on va être cinq. A la base, je voulais être tout seul. J’ai dû embaucher deux personnes en septembre et là je viens d'en embaucher deux en janvier. L’objectif quand je prends quelqu’un c’est de le former et de le garder derrière. [...] Il me faut des gens qui ont de l’expérience. Aujourd’hui, je ne reçois que des CV de jeunes architectes diplômés. J’ai envie d’en prendre mais je me rends compte qu’un jeune architecte il ne sait pas bosser. Il ne sait pas monter un permis de construire tout seul…”





“Aujourd’hui, les architectes se spécialisent dans un domaine. Mais il ne faut pas oublier qu’un architecte est un maître d'œuvre. Il doit un minimum savoir construire. Savoir construire une maison. Le problème c’est qu’aujourd’hui, il y en a qui se spécialise et qui sont incapable de faire un descriptif de travaux, de construire… Il ne savent pas construire donc il peuvent être très bon en scénographie, tant mieux pour eux, mais un architecte est un maître d'œuvre. C’est un gars qui doit être capable de construire une maison. Il y a beaucoup de ces profils dans ALT. Des gens qui sont très peu techniques, qui sont
assez perchés. Je pense qu’il faut vraiment que les étudiants aient conscience de cette césure : il y en a qui ont que des bonnes notes à l’école et ils arrivent dans la vie
active et ils vont [tomber de haut] parce qu’ils vont se rendre compte que le concept c’est une toute petite part d’un projet.
Il y a un grand écart et ça peut être dangereux. ”

Le goût de la construction 

“Je me lance pour la première fois dans la construction à l’âge de huit ans, lors de la découverte d’une ruine édifiée en hauteur, entre quatre arbres. Impliquant la coupe d’arbres divers, dont des fruitiers sur des propriétés privées, et la récupération de tôles ondulées servant d’abris pour les vaches et quelques emprunts de planches, j’entrepris avec mes compagnons mon premier édifice.”







“ La cathédrale Notre-Dame de Paris, provoquera chez moi
une certaine addiction pour l’architecture
et plus particulièrement pour la construction.”







Le concours d’entrée à l’ENSAL - FPC

“Pour le concours, il y a une journée de conception. Il y avait trois sujets. Il y avait un parc, il fallait faire un petit pont, un auvent, un kiosque par exemple. J’avais fait ma première année d’architecture en 2003-2004 et on dessinait tout au Rotring, le moindre trait qui ne se croisait pas c’était entouré en rouge alors moi je suis arrivé avec mes petits Rotring et en huit heures c’était impossible.
Tous les autres, ils arrivaient à main levée et ils avaient le concours et j’avais pas compris ça tout de suite. Moi, j’essayais de tout bien tracer mais en fait, ce n'était pas l'objectif du concours : le concours, c’était ta conception. En huit heures tu sors une planche et trois projets.”














Choix du DEM ALT


“J’ai choisi ALT pour une seule raison. C’etait le seul domaine d’études où on était libre de faire ce qu’on voulait. Si je n’avais pas pris ALT, je n’aurais pas pu faire mon projet de fin d’étude : je venais d’avoir mon deuxième gamin, j’étais débordé de boulot et autrement j’aurais dû m'arrêter un an de plus.

Le truc, c’est que je n'ai pas participé à quoi que ce soit, je n’ai pas participé au projet collectif. C’est un peu dommage mais j’ai un peu abandonné ça parce que je me suis dit que si je prenais ALT, je fonçais direct sur mon projet de fin d'étude et je me débarrassais de tous ces cours. Si je m’étais arrêté encore un an, est-ce que j’aurais eu la motivation pour recommencer derrière ?




“ ALT est là pour bouleverser un peu tout ça. Il y aurait pas ALT, il y aurait pas de gars qui s’habille en fluo, les architectes seraient tous pareil. ”









PFE


“Comme j’avais perdu confiance avec mon travail sur les refuges, je me suis rabattu sur un projet qui était à côté de chez moi à Lyon. C’était un ancien Hospice civil et en fait, il y avait le thème #metoo. On était en plein dedans.
Je suis parti sur cet ancien hospice civil qui était un lieu réservé aux femmes. J’ai travaillé sur un projet de fin d’étude qui était un lieu destiné à des femmes battues qui veulent quitter leurs maris mais qui ne peuvent pas parce qu'elles n’ont pas d'appartement, pas forcément de boulot. C’était donc des appartements, des lieux de refuge momentanés dédiés à leur reconstruction personnelle.






















Une production des étudiants de Master 2 - ALT 20.21