Martin ROBILLIARD

        martin.robilliard@lyon.archi.fr




 

Ancien étudiant ALT
Interview du 13.01.21


Pourquoi ALT ?




“Je suis allé en ALT après un petit ras-le-bol lié à mon Erasmus à Milan. En Italie il y a un enseignement qui est un peu différent, ce sont des sessions très magistrales, avec des relations professeurs-élèves très verticales. Il y a beaucoup d’attention portée à l’esthétique, que ce soit des dessins du projet, peu d’attention au fond, et j’étais très frustré par rapport à ça quand j’ai fini mon année là-bas. En revenant j’ai eu envie de pouvoir faire ce que je voulais. Je savais où je voulais aller disons, je savais quel sujet m’intéressait, je savais un peu comment je voulais le conduire et le DEM ALT permettait de le mener comme je le voulais. En allant en Alt on a eu la chance d’avoir un projet proposé par le Bruit du Frigo, un collectif d’architecture bordelais, qui était de dessiner et construire une partie de la station mue donc on a fait notre PFE là-dessus avec mes deux coéquipiers.”






ALT à mes yeux




“Moi je dirais que ALT c’est ce que tu en fais. C’est une sorte d’espace, de liberté quasi-totale, en master 2, qui te permet de faire ce que tu as envie de faire à peu près sans contraintes.
En fait on le sait en architecture les contraintes c’est aussi ce qui fait le projet parfois, donc (ALT) c'est ce que tu en fais dans le sens où si tu ne sais pas où tu vas, alors tu ne sauras probablement pas non plus à la fin de l’année. Il y en a qui se paument complètement en route, malheureusement mais c’est comme ça, c’est le contrat de départ. Si vous voulez vous paumer, il n’y aura pas grand monde pour aller vous chercher. Par contre, si vous savez où vous allez, on vous laisse tranquille et on vous donne le soutien que vous demandez, on vous laisse développer votre truc tout en gardant la même exigence en théorie à la fin du PFE.
Après comme c’est alternatif, les jurys qui viennent s’attendent à voir des trucs alternatifs et en pratique sont un peu parfois, j’ai l'impression, plus cléments que dans d’autres DEM où, comme les
projets sont plus comparables, entre eux, il y a peut-être une exigence qui est plus stricte.


C’est un DEM qui m’a permis de passer une dernière année incroyable et qui permet de faire plein d’expérimentations hyper intéressantes, hyper riches et de développer pleins de réflexions qu’on ne pourrait pas avoir sans ça. Pour moi c’est un DEM qui est indispensable, mais qui est toujours un peu sur la ligne de crête entre les libertés exigeantes et juste un truc un peu rigolo quoi.”




“ALT, ça m'a donné un vrai goût de la prospective, enfin, ça m’a rendu capable d’oser, d’oser l’alternatif, la rétrospective, d’avoir envie d’essayer des trucs.”

















































Le PFE




De l’individuel au collectif


“Pour le PFE, avec Jules et Emma qui étaient mes deux coéquipiers, on est partis du projet qui était sur le champ, le futur quartier où le projet de la métropole c’était de faire une forêt habitée. Ils appellent ça une forêt habitée : donc planter pleins d’arbres, mettre quelques petits bâtiments et de là faire une sorte de quartier-forêt un peu comme cette mode des forêts urbaines qu’on voit maintenant. En général, quand il y a un PFE de groupe il y a une étude commune et ensuite trop de projets individuels. Nous, on a décidé de faire l’inverse : trois études du même site mais sous des angles différents qui aboutissent sur un projet commun.
De mon côté, j’ai étudié théoriquement la question de la relation entre la ville et la forêt :
Est-ce que c’est possible de faire vraiment une forêt habitée en ville comme ça ? Sous quelles conditions ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c’est surtout de la communication ou est-ce que c’est une vraie volonté de changer le paradigme urbain ? Et comment peut- on faire si c’est le cas pour y arriver ?
Jules bossait sur la question de la représentation culturelle dans l’espace public, et Emma travaillait sur la question de l’appropriation de l’espace public. En fait, on se séparait en quelque sorte entre contexte-usages-processus.”



S’associer avec des acteurs


“La partie théorique mis de côté, on avait un an avec un ancrage fort sur le terrain puisque le Bruit du frigo nous avait proposé de dessiner et de construire nous même un des aménagements qu’il y avait à la station mue. On a dessiné un aménagement scénique, qu’on a appelé la clairière : une sorte de scène avec des gros arbres en bois et dont les racines forment les bancs et font les contours de la scène pour que ce soit une scène qu’on puisse utiliser et s’approprier de plein de manières différentes y compris quand il n’y a pas de spectacles comme c’est un simple espace public. Cet ancrage nous a vraiment permis d’être en relation avec tous les autres acteurs du projet.”



Et dans le futur ?


“On avait une troisième dimension beaucoup plus prospective, puisqu’il s’agissait de s’interroger : on est en train de construire quelque chose à la station mue, si on poursuit cette dynamique, qu’on a esquissé avec nos pistes théoriques et avec notre construction, comment est-ce qu’on peut envisager le développement d’un quartier comme le champ autour de 2100 dans le cadre d’un effondrement systémique en cours ? 
On a fait des sortes de photos du quartier – au sens imagé - du quartier en 2019 quand on construisait, en 2025 en 2030 en 2050 et en 2100. En se demandant à chaque fois qu’est ce qu’il devient, que s’est-il passé entre temps, par exemple un gros choc pétrolier, qui réduit énormément les possibilités, les ressources énergétiques disponibles, un dérèglement climatique de tant de degrés, etc. Qu’est ce qui s’est passé, et comment le quartier réagit ? Comment on poursuit nos pistes théoriques pour faire en sorte que le quartier réagisse mieux.”






L’écologie au centre de mes préoccupations




“Après le confinement, j’avais besoin de trouver un travail du coup j’ai fait le choix d’une agence qui ne correspondait pas forcément à mes attentes initiales. Au départ, je cherchais plutôt des agences un peu plus grosses et vraiment centrées sur la question écologique. Notamment des agences qui travaillent sur la question des matériaux : le bois, la paille, la terre crue, des trucs comme ça. (…) Cette question de l’écologie, elle n’a pas conditionné mon choix du DEM ALT ni le choix de l’agence dans laquelle je travaille mais elle conditionne mes choix futurs. Après mon année de HMO, après la fin de mon contrat, j’ai pour projet de quitter Lyon et de m’installer en Bourgogne. (…) Avec ma fiancée qui est maraichère, on a décidé d’un changement radical, on veut vraiment s’installer en milieu rural. Je suis persuadée de la nécessité impérieuse et à court terme de rééquilibrer la densité entre les grandes métropoles et les zones rurales. C’est une nécessité écologique de faire ça. Même si c’est difficile de trouver les agences que l’on veut, on peut prendre des directives comme ça !”
















S’engager




“Concernant le milieu associatif j’ai fait du scoutisme depuis que je suis tout petit. Donc de là j’ai passé beaucoup beaucoup de temps en forêt et ce qui a pas mal structuré mon intérêt écologique mais c’était pas vraiment de l’associatif écologique. Cette préoccupation viscérale en fait elle n’est venue qu’au cours de mes études. Enfin, elle est devenue aussi impérieuse qu’au cours de mes études et j’ai vraiment commencé à m'intéresser à ce monde notamment à travers mon PFE
Depuis, je m’engage par d'autres biais, je donne des cours, je suis intervenu une fois à l’école d'architecture pour les Master 1. Je suis, je donne aussi quelques cours à l’université de Montpellier et à chaque fois sur le thème de l’écologie, par exemple sur le lien entre architecture et effondrement systémique ou sur les enjeux écologiques de l’architecture.
Sinon je fais des chantiers participatifs qui sont un moyen super de se former très concrètement à la construction écologique. Par exemple avec le réseau Twiza - des chantiers où on construit en Terre crue, on construit en bois, en paille etc. J’en ai fait dès que j’en ai eu la possibilité.
Mon engagement se fait en partie au travers d’un mode de vie et du partage de connaissances dans mon domaine.






Une production des étudiants de Master 2 - ALT 20.21